ÉDITORIAL candidat de Benno : Macky et le syndrome de Wade

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La conférence des Leaders de la coalition Benno Bok Yacaar s’est donc réunie le 10 juillet dernier pendant  7 heures d’horloge. A l’issue de la rencontre, elle a donné mandat à Macky Sall de choisir un candidat pour conduire la coalition à la victoire le 25 février 2024 et ceci dès le premier tour des présidentielles. Une mission  que le président de la République a bien sûr acceptée, et à laquelle il s’attelle depuis. Prévue ce vendredi, la publication du nom de l’heureux élu a été reportée, Macky devant partir en voyage en Ouganda, Kénya et Rwanda.

Se voir octroyer le privilège  de choisir lequel doit porter les couleurs de sa coalition et conséquemment son propre successeur ( en cas de victoire ! ) est certes un signe de confiance, d’égard, d’admiration, de reconnaissance de la part des siens. L’ apothéose  d’un leadership et l’assurance de la pérennité de sa vision par celui  à qui on aura cédé son fauteuil.

Si c’est alléchant pour son égo, car élogieur  et enjôleur, c’est surtout une arme à double tranchant dont les résultats peuvent être désastreux. Les pères fondateurs et les  piliers de l’Apr n’ont jamais fait preuve d’un amour débordant les uns envers les autres et les notions d’Unité et de Solidarité de parti sont les moins partagées au sein de l’appareil politique, chacun estimant qu’il ou qu’elle est le (la )  mieux placé (e) pour être Khalife à la place du Khalife le moment venu. La non structuration du parti où nul ne sait  qui pèse quoi ayant beaucoup contribué à ce quiproquo devenu institutionnel. Une inimitié entre barons  qui a poussé le président de la République à faire appel à Amadou Ba pour diriger la liste de Dakar de Benno Bok Yacaar lors des Législatives du 30 juillet 2017 et Mimi Touré la liste nationale lors de celles de 2022. L ‘ échec du maire de Yoff  d’alors  et pilier du parti Abdoulaye Diouf Sarr choisi pour conduire la liste de Dakar lors des dernières municipales donne une idée de la non cohésion des responsables politiques de l’ Apr.. Ils se sont au mieux abstenus de toute aide à l’ex ministre de la santé participant ainsi à la défaite de leur camp face à la coalition yewwi Askan Wi. Même s’ils jurent de respecter  le choix du président de la République, l’heureux élu ne doit pas s’attendre à une union sacrée autour de sa personne. Il devra surtout se préparer à une cascade de démissions plus ou moins revendiquées et à un soutien du bout des lèvres de la part de nombre de responsables. Macky Sall risque alors de connaître le même sort qu’Abdoulaye Wade quand il a choisi Karim Wade pour diriger le Pds, plutôt que d’organiser une élection en interne et laisser les militants   choisir leur leader. Il s’en est suivie une hémorragie dont le parti ne s’est jamais relevé. Le choix personnel est en effet nécessairement subjectif, obligatoirement partisan et conséquemment frustrant pour ceux qui ont été laissés en rade et peut pousser certains à se radicaliser, voire se rebeller .C’est en cela qu’une primaire est là décision la plus sage et la plus efficiente . Laisser les militants choisir eux-mêmes leur candidat qui bénéficiera ainsi de toute la légitimité qui sied et contraindra tous les autres responsables à se ranger derrière lui puisqu’ainsi est là volonté de la majorité.

Serigne Mbacke Ndiaye

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